Pendant un peu plus d’un mois, lycéens et étudiants ont été invités à prendre la parole dans le cadre de la Grande Étude de l’orientation. La Grande Etude a été réalisée sur un total de 18 734 lycéens, étudiants et établissements d’enseignement supérieur. Ces réponses sont collectées au travers de cette plateforme web www.acoupsup.fr. Les données ont été traitées de façon conformes au règlement général de la protection des données (RGPD).
Cette Grande Étude a permis de mettre en lumière les problématiques générales auxquelles sont confrontés les lycéens et étudiants français dans le cadre de leur vie lycéenne, étudiante et quotidienne. En outre, il a pu être recensé qu’une majorité de cette jeunesse sondée n’accorde pas sa confiance aux réformes gouvernementales d’un point de vue éducatif et d’un point de vue général. Derrière ce manque de confiance se cache un réel problème d’écoute : la jeunesse n’a pas le sentiment d’être pleinement entendue et écoutée par les différentes administrations dans ses problématiques et ses revendications. En effet, nombreux sont ceux qui caractérisent les actions de blocage, grèves et mouvements lycéens et étudiants comme des échecs en vertu des demandes non-respectées et incontestablement laissées pour compte. De façon générale, la jeunesse sondée ne se sent ps caractérisée et définie par le Gouvernement comme de réels citoyens, mais davantage comme des enfants militants ce qui influe de façon massive l’absence de bien-être quotidien de celle-ci.
Sur le plan purement éducatif, le lancement de la plateforme Parcoursup n’a pas séduit. Bien que les affectations sont en majorité réalisées dans des formations souhaitées, il existe ici aussi un manque de confiance en cet outil que les sondés considèrent comme un algorithme définissant leur avenir et leur future vie active et professionnelle sur des données chiffrées et manquant pleinement d’humanisation. Derrière ce système informatique existe par ailleurs une angoisse profonde des lycéens et étudiants en réorientation ; la plateforme cause le stress, provoque des déceptions et influe sur les résultats scolaires et la vie quotidienne de façon négative. Il est par ailleurs reproché le manque d’insertion dans la vie active dès le lycéen, offrant la possibilité d’obtenir un aperçu concret des métiers et futures vocations.
Sur le plan financier, la majorité des étudiants semblent être dans une situation de précarité certaine, malgré le tiers de boursiers et la majorité inscrite dans des formations universitaires publiques. Les revendications sont nombreuses, mais se concentrent principalement sur le faible montant des bourses pas forcément calculées sur les villes d’habitation dans le cadre des études (notamment pour Paris et les métropoles), et la distance avec le foyer parental. Aussi, la mention des stages non-rémunérés ou à faible rémunération, ainsi que les jobs étudiants complexes à obtenir, plongent les étudiants dans une quête du centime incertaine et perturbante pour le cours des études et de l’aboutissement du cursus universitaire.
Les propositions réalisées par les jeunes sondés sont importantes : instauration d’un salaire minimum étudiant, rémunération pour des stages étudiants de moins de deux mois, revalorisation des bourses, transformation du système boursier, instauration d’une plus forte méritocratie basée sur l’humain avant les chiffres, mise en place de davantage de logements CROUS, modification du système Parcoursup avec hiérarchisation des voeux ou d’un système à l’anglo-saxonne, ajout de stages obligatoires en seconde et première en vue de l’orientation en terminale…
La vidéo de lancement« Je considère que la plateforme Parcoursup est injuste puisqu'elle semble ne pas affecter les personnes en fonction de leur "mérite" et de leur bon dossier mais pous en fonction d'une sorte de harsard. Je pense que cet algorithme ne représente absolument pas l'égalité des chances dont nous parle l'Éducation Nationale. » - P. P.
« L’Éducation nationale en France est incompétente. Cette réforme, je suis la première génération à la subir, et je ne pèse pas mes mots. C’est un enfer et c’est pour cela que nous manifestons, nous lycéens. Pour autant, nous ne sommes pas écoutés, pas entendus, pas reconnus, alors que nous sommes les premiers visés par cette réforme aboutie par des gens qui n’ont aucune idée de ce que sont un lycéen et un professeur. » - E. S.
« J’ai obtenu tous mes choix sur parcoursup très vite : paces, licence de philosophie, lea et d’histoire. Cependant j’ai eu mes choix plus rapidement que certaines personnes qui avaient de meilleurs résultats que moi. Je considère donc ce système très aléatoire et donc défavorable pour certains » - S. C.
« Malgré un très bon dossier, je n’ai pas été accepté dans la majorité des prépas que je voulais intégrer. Pourtant, après en avoir contacté quelques unes à l’extérieur de parcours elles ont proposées de m’accélérer en dehors de la procédure Parcoursup... de plus, quand on a reçu plusieurs propositions, on doit faire un choix très vite ce qui n’est pas toujours simple quand on hésite entre 2 cursus très différents. Deux jours ce n’est définitivement pas suffisant pour faire un choix qui va impacter notre vie. » - G. L.
« Il serait bien de payer davantage les étudiants pendant les stages. Le minimum légal de 577€ / mois (environ - chiffre basé sur ma dernière expérience de stage en entreprise) ne permet pas de vivre sans une autre source de revenu. Il serait également appréciable de payer les étudiants qui effectuent des stages courts (2 mois ou moins). Les entreprises abusent parfois du fait que l'étudiant n'est pas payé en dessous de 2 mois de stage et proposent des conventions de 1 mois et 29 jours pour avoir de la main d'oeuvre gratuite ! » - C. V.
« Un déni de la voix des jeunes, en tout cas, une vision très infantilisée des jeunes. Nous sommes écoutés en tant que « futurs citoyens encore enfants » plutôt que comme une génération pleinement mature et sûre de ses idées » - M. J.
« Que le versement des bourses, pour ceux qui y sont éligibles, soit plus ponctuel (il y a apparement souvent du retard). Mais, je trouve que le système français est relativement bien fait et que faire des études ne coûte rien par rapport à nos voisins anglais. » - P. M.
« J'ai énormément peur de Parcoursup et ce n’est clairement pas une blague ! Les critères sont très strictes et j’ai peur de me retrouver dans une formation que je ne souhaite pas et qui ne me convient pas » - C. P.
« En tant qu'élève, je me sens tout le temps sous pression, avec le contrôle continu + les E3C fin janvier. On doit toujours être au taquet et si on se relâche à un moment, pour remonter la côte et avoir une bonne moyenne en fin de trimestre c'est compliqué » - I. J.